Les polyphénols alimentaires dans la prévention des maladies cardiovasculaires
Les polyphénols alimentaires jouent un rôle de premier plan dans la prévention des maladies cardiovasculaires, première cause de mortalité mondiale avec 33% des décès annuels. Ces maladies sont liées à des facteurs de risque comme l’obésité et les maladies métaboliques
Quels sont leurs bienfaits sur la santé cognitive et cardiovasculaire et quelles études le prouvent ? Comment les intégrer efficacement dans notre alimentation ?
Pour répondre à ces questions, le Clubster NSL a eu le plaisir de donner la parole à cinq intervenant.e.s aux expertises complémentaires, à l’occasion d’un webinaire qui a rassemblé une centaine de professionnels du secteur :
Laurent-Emmanuel Monfoulet s’intéresse autant aux effets des métabolites circulants après assimilation de ces polyphénols, dégradés dans le tube digestif, qu’à leurs mécanismes d’action, qui restent peu compris. Il nous a notamment présenté les résultats de l’étude COSMOS menée en double-aveugle sur plus de 21.000 sujets, qui a révélé qu’une supplémentation en flavanols de cacao réduisait les événements cardiovasculaires de 10% et la mortalité de 27% sur quatre ans. D’autres recherches confirment l’amélioration des paramètres vasculaires et la réduction de l’hypertension grâce à la consommation d’anthocyanines, mais la famille des polyphénols est particulièrement vaste, et des effets notables ont été observés sur de multiples composés : hespéridine, naringénine, catéchine ou curcumine…
Céline Brogniart nous a ensuite présenté comment intégrer les polyphénols dans l’alimentation quotidienne pour en maximiser les bienfaits sur la santé cardiovasculaire, métabolique et cognitive. S’il n’existe pas de recommandation officielle, la consommation actuelle en Europe varie entre 0,5 et 2 g de polyphénols par jour. Les principales sources sont le café, le thé, les fruits et certains légumes, mais varient selon leurs habitudes culturelles alimentaires. Madame Brognard a partagé ses bonnes pratiques, et a notamment mis en avant l’importance de consommer des aliments proches de leur récolte, de varier les sources de polyphénols, d’alterner aliments crus et cuits, et de conserver la peau des fruits et légumes. Elle a aussi souligné l’intérêt des épices, légumineuses, fruits à coque et graines, et rappelé l’importance de la biodisponibilité des polyphénols et l’effet matrice des aliments.
Morgan Le Rouzic développe pour Eurabiotech des extraits de curcuma innovants à haute teneur en molécules bioactives, avec des effets antioxydants et anti-inflammatoires. La biotransformation du curcuma permet d’augmenter ses propriétés santé. La doctorante a étudié les mécanismes d’inflammation et de défense contre l’oxydation, ainsi que l’effet de différents micro-organismes sur la biotransformation du produit final. Les tests réalisés montrent une amélioration significative des propriétés recherchées, et des recherches se poursuivent pour approfondir la compréhension des mécanismes impliqués et optimiser le processus de fermentation.
Côté procédés, Hélène Ducatel a présenté les processus utilisés par Extractis pour exploiter au mieux les extraits végétaux, créant de nouveaux ingrédients pour divers secteurs, tels que la cosmétique, l’agroalimentaire et les compléments alimentaires. Les procédés d’extraction des polyphénols impliquent plusieurs étapes : pré-traitement, séparation, purification, modification et mise en forme, avec des technologies innovantes comme l’écoextraction par ultrasons ou micro-ondes, ainsi que l’utilisation de nouveaux solvants biosourcés. Des exemples concrets ont été donnés, mettant en avant l’importance des étapes de purification pour enrichir les extraits en polyphénols, tout en gardant à l’esprit les contraintes économiques et environnementales.
Kévin Leonard a poursuivi en présentant les technologies complémentaires du centre de recherche wallon Celabor. Leur objectif est de développer de nouvelles technologies et connaissances pour aider les PME à prospérer, notamment dans le cadre de l’économie circulaire. Ils se concentrent sur l’extraction végétale et les coproduits pour valoriser les déchets agroindustriels tels que les peaux d’oignon et les feuilles de chicorée. Monsieur Léonard a notamment présenté le projet de recherche européen Phenolexa, axé sur la mise en place d’un procédé de bioraffinerie par des procédés en cascade, valorisant des coproduits de l’agro-industrie tels que les tailles d’olivier et de vigne, les pelures d’oignon et les feuilles de chicorée pour extraire des métabolites secondaires, notamment des polyphénols. L’accent a été mis sur l’utilisation de l’eau subcritique offrant un pouvoir de pénétration accru dans les cellules végétales. En outre, des techniques de purification, telles que l’adsorption sur résine et la chromatographie de partage centrifuge, ont été présentées pour enrichir et séparer finement les composés d’intérêt.